Présentation: Miroir aux dames
Identification
- Auteur : Philippe Bouton (le texte avait été attribué à Claude Bouton de manière fautive).
- Titre, d'après les manuscrits : Le Mirouer des dames
- Autre titre dans la critique: Miroir des dames, Miroir aux dames, mirouer aux dames
Datation & localisation
- Localisation: dans l'entourage de Marie de Bourgogne
- Date de composition : entre 1477 et 1482 d'après Olga Karaskova
Analyse du texte
- Incipit d'après le manuscrit de Dijon:
- Le livre est le mirouer des dames./ Fait pour leurs vertus remirer./ Celles qui si vouldront mirer. / En vauldront mieulx de corps et dames.
- Excipit d'après le manuscrit de Bruxelles:
- Prions donc la Vierge Marie. / Que nulle ame ne soit marrie. / Et que en paradie chacun rie. / Amen
Description
Édité pour la première fois par Lambert Douxfils en 1748 sous une version abrégée, ce texte fait l'objet de plusieurs confusions, à cause de son auteur, mais aussi à cause de son titre.
Eugène Beauvois, qui produit la première édition complète du texte en 1882, l'avait attribué à Claude Bouton. Arthur Piaget (1908) a toutefois argumenté que puisque Claude Bouton est mort le 30 juin 1556, cette attribution ne tient pas. C'est donc à Philippe Bouton, seigneur de Corberon, père de Claude Bouton, qu'on attribue aujourd'hui ce texte.
La seconde confusion est liée à son titre. Le texte doit en effet être distingué de plusieurs autres Miroir des dames. Il est en effet distinct du Speculum dominarum de Durand de Champagne et de ses traductions médiévales en français, du Miroir aux dames de Watriquet de Couvin, du Miroir aux dames anonyme édité par Piaget en 1908 et pour finir du Miroir des dames et demoiselles et l'exemple de tout le sexe feminin de Jean Castel (édité par W. Söderhjelm en 1904). Un dernier élément mérite d'être mentionné: la critique a proposé Marie de Bourgogne comme destinataire de l'oeuvre, et c'est sur cette identification que repose la datation du texte. Bien que Marie de Bourgogne ne soit jamais nommée, les travaux récents d'Olga Karaskova (2016) rassemblent un faisceau d'arguments convaincants en faveur de cette attribution.
Le Miroir des dames est composé de strophes rimées, constituées de sept octosyllabes après un quatrain initial. S'inscrivant dans la tradition des miroirs des princes, il s'agit d'une oeuvre à caractère didactique, instruisant ses lectrices sur les "femmes de bien", qu'il a trouvées dans d'"anciennes vraies histoires", et sur les qualités idéales à aquérir pour les dames.
La liste des preuses présentées ici est presqu'entièrement originale. D'abord, elle reproduit la répartition en trois triades confessionnelles (païenne, juive et chrétienne) qui est originelle dans la liste des Neuf Preux. Cette liste n'a donc que trois héroïnes communes avec les autres listes: Penthésilée, Sémiramis et Tomyris. La seconde triade, biblique, est composée de Déborah, Esther et Judith, trois héroïnes qu'on trouve déjà dans le Ditié de Jehanne d'Arc de Christine de Pizan et qui sont régulièrement citées dans les oeuvres consacrées aux dames au XVe siècle, ce qui rend très difficile de savoir la source qui pourrait avoir influencé Philippe Bouton. Pour les trois dernières héroïnes, des problèmes d'interprétation se posent. La première est Hélène, mère de l'empereur Constantin, et la dernière est Clotilde, femme du roi Clovis. La seconde est "Gertudis, royne de Sassoigne", pose des problèmes d'identification. out en proposant plusieurs interprétations pour ce dernier point, Olga Karaskova montre que le choix de ces héroïnes peut se comprendre en relation avec la dédicataire, Marie de Bourgogne.
- Liste des témoins et liens vers les manuscrits numérisés disponibles
- Dijon, Bibliothèque municipale, 3463, fol. 7r-8v
- Bruxelles, KBR, 10557, fol. 6r-7v
- Transcriptions
- Dijon, Bibliothèque municipale, 3463, fol. 7r-8v
- Bruxelles, KBR, 10557, fol. 6r-7v
- Bibliographie