Présentation: Istoire des neuf preux princes et seigneurs
Identification
- Auteur:
- Inconnu.
- Titre, d'après la reliure:
- Triomphe des Neuf Preux. Le titre courant dans la critique vient du début du texte (cf. incipit).
Datation & localisation
- Localisation:
- Inconnue
- Date de composition:
- XVe siècle? La copie est du XVIIIe siècle.
Analyse du texte
- Incipit:
- [fol. 1r] Cy apres s'ensieut en brief l'istoire des neuf preux Princes et seigneurs qui en leur temps ont maintenu vaillamment et chevallereusement les armees, dont il en y a trois de la loy payenne, assavoir Ector, Alexandre et Julius Cesar,item aultres trois de la loy des Juifz [fol. 1v] comme Josué, le Roy David et Judas Macabeus, et encoires aultres trois de la foy chrestienne, assavoir Artur, Charlemaine et Godeffroy de Buillon...
- Incipit repère:
- [fol. 2r] Parquoy ilz firent serment conjonctement que le Roy Laomedon le comparroit bien chier et qu'ilz en prenderoient telle vengeance quil en seroit memoire a tousjours...
- Excipit:
- [fol. 312r] Sy disons en recordant sa digne et vaillante personne et pour l'ame de luy et de tous les aultres barons et pellerins qui aveq luy estoient audit saint voiaige ung pater noster et Ave Maria.
Description
L’Istoire des neuf preux princes et seigneurs est une vaste compilation historique consacrée aux Neuf Preux. Elle n’est conservée que dans un manuscrit du XVIIIe siècle, vraisemblablement la copie d’un original du XVe siècle.
Le texte se présente sous la forme de neuf biographies, allant de la naissance à la mort du héros et retraçant de façon traditionnelle sa généalogie et ses hauts faits. Chaque partie est introduite par un portrait équestre du Preux en question. Les peintures pourraient être librement inspirées d’un original du XVe siècle. Les Neuf Preux se succèdent dans l’ordre canonique, l’ouvrage s’ouvre donc sur la vie d’Hector et la triade païenne puis suit la progression du paganisme vers le christianisme.
Cette compilation, du fait de son support postérieur à l’époque médiévale, n’a presque jamais été étudiée et son commentaire est d’autant plus difficile qu’on ne sait rien de ses conditions de composition. Copiée au XVIIIe siècle, elle apparaît dans la collection du duc de La Vallière. Ce dernier possédait aussi un exemplaire du Triumphe des Neuf Preux, et c'est d'ailleurs ce titre qui se trouve sur la gouttière de la reliure actuellement préservée. On peut voir dans un inventaire de la bibliothèque du duc que toute une section est explicitement consacrée aux Neuf Preux, même s’il faut se demander si l’expression « neuf preux » y est entendue dans le sens où nous la comprenons (il semblerait y avoir confusion entre les douze pairs de Charlemagne et les Neuf Preux). On peut émettre l’hypothèse qu’il y a eu là une volonté de constituer une bibliothèque des Neuf Preux et c’est peut-être dans cette optique qu’a pu être réalisée la copie de ce manuscrit. La question qui se pose est de savoir s'il s'agit d'une copie d'extraits d'oeuvres médiévales différentes (on aurait alors affaire à une oeuvre datant du XVIIIe siècle sans aucune réalité médiévale) ou s'il s'agit de la copie d'une oeuvre médiévale dont on aurait perdu tout autre exemplaire.
Les quelques critiques qui se sont intéressés à ce texte l’ont fait dans le cadre d’études consacrées à un personnage ou une matière littéraire et ont posé les premières pierres d’une identification des sources, remontant en général un peu trop en amont. S’il n’est pas faux que la vie d’Arthur est un dérivé de Geoffroy ou Wace ou celle de Charlemagne un dérivé de la Chronique du Pseudo-Turpin, il semble toutefois que le texte recopié tout au long de la compilation ait été la Chronique dite de Baudouin d’Avesnes, comme l’avait déjà relevé L.-F. Flutre pour la section sur César. Cette constance de la source de base met d’autant plus en évidence le statut particulier des vies d’Hector (88 feuillets) et d’Alexandre (66 feuillets), qui sont les seules sections dont les sources soient différentes. La triade païenne se distingue en outre par sa longueur: si l’on met à part la section sur Godefroy de Bouillon, qui fait 67 feuillets, les autres font entre neuf et seize feuillets seulement.
L’identification de la Chronique dite de Baudouin d’Avesnes comme source est garantie par une remarque de l’auteur, dans la vie de Charlemagne, qui nomme ainsi le texte qu’il utilise : « Le livre que l’on appelle le Tresor de toutes istoires » (fol. 242d). En effet, l'expression correspond au titre donné à ce texte dans certains manuscrits du XVe siècle. Une fois passées les sections consacrées à Hector et Alexandre, la Chronique de Baudouin d’Avesnes devient la source exclusive de la compilation. Les deux premières sections, consacrées à deux des Preux antiques, se distinguent, comme nous l’avons dit, du reste de l’oeuvre par leur longueur et par le choix de leurs textes de base. Il n’a pas été possible de déterminer la source de la vie d’Hector avec plus de précision que ce qu’avait déjà proposé M.-R. Jung, qui restait très prudent en disant que le texte venait de Benoît de Sainte-Maure ou de l’un de ses dérivés. La vie d’Alexandre au contraire s’est révélée très riche d’informations et d’une structure unique. Concernant ses sources, voici ce qu’avait écrit David J. A. Ross : « It is based on that in the Trésor des Histoires written for Baudouin d’Avesnes supplemented from Plutarch, the Alexandreis of Gautier de Châtillon and elsewhere ». Tout d’abord, pour être exact, il faudrait rétablir le rapport de proportion entre l’Alexandreis de Gautier de Châtillon et la Chronique de Baudouin d’Avesnes qui ne constitue en réalité que le cadre chronologique dans lequel sont développés de longs épisodes tirés de l’Alexandreis. Ce texte constitue ainsi la seule traduction connue (ou du moins l’une des seules) du texte de Gautier de Châtillon. Le « elsewhere » de Ross peut également être précisé : il faut ajouter aux autorités utilisées Vincent de Beauvais ou l’un de ses dérivés/traductions autre que la Chronique dite de Baudouin d’Avesnes. Ensuite, Plutarque est en réalité cité dans la traduction qu’en donne Vasque de Lucène dans les Faits du Grand Alexandre. Ce détail est extrêmement important puisqu’il permet de donner un terminus a quo à l’oeuvre qui, si elle est médiévale, a, par conséquent, dû être rédigée après 1468. Enfin, l’origine de quelques passages demeure obscure (rencontre de Talestris, reine des Amazones, fol. 124d-126a ; bataille contre les Scythes et leur roi Baradach, fol. 129d- 131b; duel entre Alexandre et Porus, fol. 137a-138d): il s’agit peut-être d’extraits romanesques insérés, ou de véritables inventions de l’auteur.
- Liste des témoins
- Paris, BnF, français 12598
- Lien vers le manuscrit numérisé
- Lien permanent vers le document: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10525470s
- Manifeste IIIF: https://gallica.bnf.fr/iiif/ark:/12148/btv1b10525470s/manifest.json
- Table des rubriques
- Table des enluminures
- Transcriptions
- Bibliographie
- Fiche sur Arlima: https://www.arlima.net/mp/neuf_preux_istoire_des.html
- Fiche sur Jonas: http://jonas.irht.cnrs.fr/oeuvre/7692
- Sur le site de la BnF: https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc13607c